Bonjour à tous, ça fait un bon moment que je n’ai pas écrit de nouveaux billets. La vie s’est un peu accélérée quand nous avons décidé de retourner en Suisse. Voici quelques éléments que je souhaite partager avec vous.
Avril 2021: dès le début… un gag
En sortant des deux semaines de quarantaine à l’arrivée à Hà Nội début avril 2021, nous avons dû attendre encore deux semaines avant de pouvoir scolariser les enfants. C’était une règle dictée par la commune de Ngọc Thụy, district de Long Biên, dans laquelle nous habitions. Nous avions la chance de vivre dans un petit immeuble de 8 étages à 200m de l’entrée principale du lycée français Alexandre Yersin (tiens, d’ailleurs, un scientifique français né à Aubonne donc suisse romand). Presque tous les étages parlaient français et il y avait même une épicerie bio avec plusieurs produits d’inspiration française mais cuisinés au Vietnam : charcuterie, canard, pâté… au dernier étage un espace barbecue avec grande table et petite piscine-jacuzzi ombragée par des dalles de verre teinté. La vie est belle !
Quand les enfants ont enfin pu être scolarisés mi-avril, pendant une semaine c’était le bonheur que nous avions visualisé : je déposais les enfants le matin en 3 minutes à pied, et hop ! à moi la journée dans ma nouvelle vie. Il manquait seulement un facteur dans mes calculs. Les autorités vietnamiennes. A la fin de cette première semaine d’école pour nos deux enfants, les autorités de Hanoï ont fermé toutes les écoles et crèches, pendant un an. Elles auront rouvert en avril 2022 seulement.
Nous n’avons rien vu venir, car début 2021 au Vietnam le nombre officiel total de décès du covid était 49. Les masques n’étaient pas portés dans la rue, et c’était un des rares pays qui avaient vraiment fermé seulement deux semaines “pour aplatir la courbe” ; nous savons que d’autres pays se sont démarqués comme experts acharnés de l’aplatissage avec “deux semaines” qui auront duré des mois. Donc quand nous sommes partis, il n’y avait pas de signe avant-coureur.
Fin juin 2021 : confinement
Et oui, nous y avons eu droit ! pendant deux mois et demi durant l’été 2021. Les rues étaient bloquées, par la police, et les ruelles par des miliciens. Il était autorisé à Hanoï de sortir seulement pour faire des courses. Je suis sorti tous les jours, plusieurs fois par jour, pour faire des courses. Il me suffisait de porter un sac de commissions et il n’y avait pas de souci avec les policiers. De plus, Long Biên est un district moins peuplé, c’est le potager de Hanoï. Il était facile de marcher comme je voulais. Je me souviens un jour d’avoir été interrogé par un milicien qui se demandait pourquoi je marchais là (je reconnais que j’étais à 40min à pied de chez moi). Quand j’ai enlevé mes lunettes de soleil et qu’il a vu mes yeux d’occidental, il était épouvanté et m’a fait signe de poursuivre ma route. Il avait peut-être peur d’un variant français !
Toutefois c’était encore bon enfant par rapport au confinement imposé à Saïgon (Hồ Chí Minh City) : pendant 6 mois, interdiction de sortir de chez soi que ce soit pour acheter de la nourriture ou des médicaments. Résultat : environ 30’000 morts sur environ 10 millions d’habitants. Les autorités soutiennent qu’heureusement en enfermant les gens elles les ont protégés. Chacun se fera son avis. Je livrerai humblement le mien : affamer les gens et les priver de médicaments va hélas tuer les plus faibles.
Début novembre 2021 : déménagement
Début septembre 2021, des villes avaient rouvert leurs écoles (mais pas Hanoï, qui les a gardé fermées jusqu’à fin mars 2022). C’était le cas de la ville natale de ma femme où vivent mes beaux-parents: Hải Phòng. C’est le plus grand port et zone industrielle du nord du Vietnam. Deux millions d’habitants sur la ville, un million de plus en comptant le district : ceci et l’air frais de la mer contribuaient à une faible pollution atmosphérique. Nous avons bougé début novembre, avec un déménagement record en 48h car à l’époque les rumeurs d’un re-confinement couraient à Hanoï. Heureusement au Vietnam, pour trouver des bras en temps record c’est toujours facile et abordable.
Nouvelle scolarité à Hải Phòng
Les enfants étaient enfin scolarisés donc j’avais le temps de faire autre chose, et pas mal de sport : marche, course, vélo… tout pour profiter de l’air pur de la mer et de la liberté retrouvée. Là encore, la routine heureuse aura été de courte durée : mi-décembre 2021, les écoles ont fermé à Hải Phòng jusqu’à fin février.
Mais déjà début décembre, mon fils a dû rester une semaine dans la maison car après un cours de tae-kwon-do à l’extérieur, son moniteur a rencontré quelqu’un qui avait testé positif (alors désigné comme F0 au Vietnam). Même si l’enseignant lui-même avait testé négatif (il était donc considéré F1), mon fils avait passé plusieurs minutes même en plein air à proximité de ce F1 et était donc devenu F2. Ca voulait dire à ce moment une semaine d’isolation. A ce stade, les voisins en voyant l’affiche collée sur le portail par l’infirmerie du quartier ont demandé à mes beaux-parents ce qui se passait et vu le ridicule de la situation, se sont dit : c’est du n’importe quoi. Même dans les pays autoritaires les personnes savent réfléchir par elles-mêmes et ne s’en laissent pas compter.
Mars 2022 : Réflexion
C’est là que nous avons commencé à nous poser des questions en tant que parents : était-ce le meilleur pour nos enfants après qu’ils aient commencé leur scolarité en Suisse ? ma belle-mère et ma belle-soeur ont aussi fait pression sur ma femme pour que nous rentrions en Suisse. Il est vrai que niveau professionnel, pour moi, les confinements et règles d’isolation n’étaient pas la situation idéale pour commencer un business. J’aurais certes pu trouver à Saïgon car c’est le coeur économique du pays avec toujours des opportunités. Mais allais-je emmener ma famille là où le précédent confinement avait duré 6 mois ? Bref il était difficile de se projeter sur quoi que ce soit.
Fin juillet 2022 : retour en Suisse… centrale !
J’ai alors au retour suivi ma femme qui avait déjà un travail sur Zoug. Je me suis dit, entre Zoug et Zürich je trouverai bien du travail. Effectivement. Je n’avais pas prévu de retourner chez le même employeur, Sunrise, mais je ne m’en plains pas : quel bonheur de retrouver autant d’amis et de bonnes connaissances.
Les enfants, bien que français, étant nés et ayant grandi en Suisse dans le canton de Vaud, se sentent suisses et sont très heureux de revenir. Pour mon fils de 10 ans c’est aussi enfin une opportunité de prendre progressivement une autonomie de déplacement comme les enfants de son âge en Suisse. Au Vietnam, même pour les enfants vietnamiens, impensable pour des parents de les laisser seuls en ville. C’est bien trop dangereux, et pas qu’au niveau de la circulation routière.
Après tout ceci, synthèse!
Une expérience dont nous ne regrettons rien. Les enfants ont découvert leurs autres origines et se sont bien amusés là-bas. Les vietnamiens sont un peuple chaleureux, souriant, généreux (et oui, avoir et être sont bien deux choses différentes). Je rajouterais même un dernier adjectif : la souplesse. On s’y sent libre. Pour les autorités locales toutefois, c’est une autre affaire. Les expats valent le détour aussi avec des profils, des parcours et des personnalités aussi variées que les chauffeurs de taxi. Nous avons bien profité d’hôtels magnifiques en pleine nature paradisiaque. La cuisine vietnamienne est époustouflante. Je m’y suis senti tellement bien que si ce n’était pour les enfants, nous y serions probablement encore avec ma femme.
Vers la fin de mon séjour au printemps 2022 je me surprenais à comprendre le dialogue rapide des chauffeurs de taxi vietnamiens, au moins pour les conversations simples. Dès que j’essayais de parler, à la fois souvent je faisais rire ma belle-famille car la moindre erreur de ton change complètement la signification… mais à l’extérieur, ils étaient tellement heureux de voir un étranger qui faisait l’effort. Ceci dit, des étrangers qui parlent couramment le vietnamien j’en ai croisé pas mal et ça force le respect.
Désormais, c’est plutôt l’allemand et le suisse allemand… je mets l’apprentissage du vietnamien de côté pour me concentrer sur cette langue et son dialecte.
Et maintenant… que vais-je faire ?
Mon but serait de rattraper les billets en retard sur ce blog et de partager des photos de destinations en bord de mer et autres découvertes sympathiques avec vous… ce soir je sauvegarde les photos du téléphone que j’utilisais au Vietnam, et je remonterai petit à petit l’historique pour écrire d’autres billets. Ce n’était pas possible auparavant car revenir en Suisse et repartir à zéro niveau aménagement, et découvrir un autre job, méritaient toute mon attention. Merci d’avoir lu jusque là 😉 et très bonne soirée à tous et toutes. Tenez, il faut que je mette aussi à jour mon profil LinkedIn.
Quelle épopée familiale… De vrais explorateurs… Merci pour nous faire partager ce périple… bises G
Une année que vous n’êtes pas près d’oublier… Mais quelle expérience !
👍Et si heureuse de vous avoir retrouvés 😁
❤️
Ce qui ne tue pas rend plus fort. Une belle expérience qui peut-être pourra être renouvelée plus tard ?
Du coup si tu passes chez les Welsches un de ces 4, ça me fera plaisir de te revoir pour un café ou un lunch !
merci 🙂 oui ça me ferait plaisir aussi. Je repasse environ une fois par mois entre Genève et Lausanne donc on va pouvoir facilement se voir.
Top,
Mon fils a vécu une année à Hồ Chí Minh City dans le tourisme pour finir son école (stage)
Alors bon nouveau départ!
Salutations et merci pour ces infos
Dommage, en tout cas ça me donne envie d’aller visiter le Vietnam malgré tout. A bientôt sur Zurich !