Tout va très bien, madame la marquise

“Il n’y a pas photo: il faut que les femmes enceintes se vaccinent”

Je suis abonné sur Telegram au canal d’informations suisse Heidi.news.

je me suis abonné au bot Heidi.news
je me suis abonné au bot Heidi.news

Je reçois désormais une fois par jour leur sélection d’articles, et le 4 août j’ai été attiré par ce titre :

💉 «Il n’y a pas photo: il faut que les femmes enceintes se vaccinent» https://buff.ly/3lrPDWX

C’était suffisamment accrocheur, toutefois je ne suis pas abonné payant d’Heidi.news et donc je n’ai pas pu lire l’article, seulement le début. Voici donc ce que j’ai pu en lire :

2021-08-04-Heidi.news 1
2021-08-04-Heidi.news 1

Rien à dire, c’est professionnel. Je lis un article avec la photo d’un médecin qui en plus porte un masque donc avec en plus le parefeu entre mon ordinateur et Internet, je me sens vraiment en toute sécurité. Mais je m’égare. L’article commence ainsi :

2021-08-04-Heidi.news 2
2021-08-04-Heidi.news 2

Et puis j’ai voulu creuser alors je suis tombé sur un autre article disponible sur bluewin, accessible gratuitement. Le professeur David Baud, chef du service d’obstétrique du CHUV, y est cité :

« Il est aussi essentiel de balayer les fausses croyances sur le vaccin », rappelle le professeur David Baud, chef de la maternité du CHUV. « Le vaccin n’induit pas d’infertilité ou de fausses couches. Et toutes nos cellules contiennent déjà de l’ARN messager. »

Cool ! je n’y connais rien, de plus ma femme n’est pas enceinte et deux enfants nous suffisent 😃 mais qu’est-ce que j’y peux, j’ai voulu creuser encore.

Etude du New England Journal of Medicine

J’ai trouvé un article anglais surprenant, et j’ai voulu suivre leur raisonnement et refaire les calculs. Cet article se penche sur cette étude du New England Journal of Medicine, datée du 21 avril 2021, titrée “Preliminary Findings of mRNA Covid-19 Vaccine Safety in Pregnant Persons“, dont le contenu serait tout à fait apte à vaincre les pires insomnies. Je note au passage dans le titre l’usage de la novlangue politiquement correcte qui remplace femmes enceintes par personnes enceintes. Mais revenons à nos moutons. La conclusion de cette étude sur 827 femmes enceintes serait tout bonnement la suivante :

Les résultats préliminaires n’ont pas montré de signaux de sécurité évidents chez les personnes enceintes ayant reçu des vaccins à ARNm Covid-19. Cependant, un suivi plus prolongé, y compris le suivi d’un grand nombre de femmes vaccinées plus tôt dans la grossesse, est nécessaire pour éclairer les résultats concernant la mère, la grossesse et le nourrisson. (merci au traducteur deepl.com !)

Donc circulez, y’a rien à voir. Pas de “signaux de sécurité évidents” pour reprendre leur expression. Si j’étais chef et qu’un employé me sortait cette formule dans une réunion, ça me donnerait envie d’en savoir plus et de chercher ces “signaux” qui n’existeraient pas 😀 notez qu’ils parlent du suivi nécessaire de femmes vaccinées plus tôt dans leur grossesse. C’est justement ça le détail à creuser.

Dans cette même étude, à la page 8 du PDF il y a ce tableau n°4 :

2021-04-21-NEJM-PreliminaryFindingsmRNAVaccinePregnantNEJM-table4
2021-04-21-NEJM-PreliminaryFindingsmRNAVaccinePregnantNEJM-table4

Avant la 20e semaine ils appellent cela un avortement spontané, et dès la 20e semaine un enfant mort-né. En lisant trop rapidement, on parviendrait ainsi à la conclusion qu’il y aurait eu 12,6% d’avortements spontanés.

Toutefois, comme pour les contrats d’assurance, il faut lire le texte écrit petit en-dessous. Regardez bien :

regardons ce détail
regardons ce détail

Ceci veut dire que 700 femmes enceintes (soit 84,6%) ont reçu la 1e injection de vaccin covid (Pfizer ou Moderna dans cette étude) durant leur 3e trimestre de grossesse, soit entre la 28e semaine et la naissance. Donc bien sûr ces 700 femmes ne risquaient pas d’avoir d’incidence sur le nombre d’avortements spontanés avant la 20e semaine ! Ainsi, puisqu’ils comptent les avortements seulement jusqu’à la semaine n°20, ce n’est pas correct de diviser 104 par 827 (total de femmes enceintes dans l’étude) pour arriver à 12,6% d’avortements spontanés.

On déduit donc que 127 femmes ont reçu au moins une dose lors de leur premier ou second trimestre de grossesse (827-700). Ca donne quel résultat sur le pourcentage maintenant ? au lieu de faire 104/827 = 12,6% d’avortements spontanés, le calcul pertinent semble être plutôt 104/127 = 81,9%. En d’autres termes, 4 femmes sur 5 ayant reçu au moins une dose d’injection Moderna ou Pfizer lors de leur premier ou second trimestre de grossesse ont eu un avortement spontané. Je ne suis ni médecin ni encore moins obstétricien, mais à la louche je pense que l’espère humaine en moyenne fait bien moins d’avortements spontanés qu’un tel taux ahurissant de 4 sur 5 !

Contraste

Je suis donc surpris à la fois :

  • par la conclusion étrangement rassurante de cette étude du New England Journal of Medicine malgré les données récupérées
    • mon avis : dans une boîte privée, présenter une conclusion rassurante quand on a bidouillé des pourcentages, ça ne se termine en général pas bien du tout
  • par les articles sur plusieurs médias qui recommandent aux femmes enceintes de se faire vacciner comme s’il n’y avait vraiment pas de réflexion à pousser sur le sujet.
    • outre celui de bluewin cité plus haut
    • en voici un autre sur Femina
    • et un dernier sur Blick qui cite encore le Pr David Baud, chef de l’unité de maternité du CHUV : “Le taux de grossesse ainsi que le taux de fausses couches sont exactement les mêmes pour les personnes vaccinées et non vaccinées.

Réflexion bonus

Nous venons de voir que même avec une étude intéressante sous les yeux, on peut encore passer à côté si on n’analyse pas l’intégralité du texte et des données… à notre époque de déluge permanent d’informations, qui va en prendre le temps ? la simplicité des médias c’est cette sélection et pré-digestion tellement faciles et attrayantes. Mais nous ne sommes pas pour autant relevés de nos responsabilités. Il y a du pain sur la planche…

Sources

  • New England Journal of Medicine, “Preliminary Findings of mRNA Covid-19 Vaccine Safety in Pregnant Persons“, version web, version PDF. Etude publiée le 21/4/2021.
  • article sur Heidi.news du 4/8/2021
  • l’article anglais qui m’a mis la puce à l’oreille et permis de trouver l’étude du NJME. C’est un de ceux que j’ai trouvés après avoir vu la nouvelle d’Heidi.news sur Telegram. Publié le 6/7/2021.
  • article de bluewin, publié le 5/7/2021
  • article de Femina, publié le 4/8/2021
  • article du Blick, publié le 30/7/2021

By Julien

https://www.linkedin.com/in/julien-fiches/

3 comments

  1. Quand on triche sur les résultats d’une étude scientifique, pour promouvoir un ‘vaccin”qui ne vaccine pas mais rend malade et modifie l’ ADN, ce sont les médecins des camps de concentration du 3ème reich… Honte sur eux… Merci Julien pour ce travail d’investigation.

    1. je n’ai pas fait d’investigation, j’ai juste traduit en français et suivi le raisonnement. Ensuite j’ai fait le lien avec les premières infos que j’avais lues. En fait c’est par chance que j’ai trouvé les différents articles et j’ai juste raconté ce fil. J’aurais été très fier de dénicher l’article scientifique et interpréter le tableau n°4… mais je dois laisser la gloire à d’autres 🙂

  2. Au temps pour moi, j’ai lu de travers, je ne devrais pas répondre avant de me coucher.
    Le soucis c’est que 124 c’est un échantillon beaucoup trop faible pour faire reposer une étude dessus.
    Je vais fouiller de mon coté voir ce que je trouve.

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *